Prévenir la désinsertion professionnelle, un enjeu humain pour l’entreprise
En plus d’une vie bouleversée pour le salarié confronté à une situation de fragilisation de son état de santé, c’est aussi l’entreprise qui se trouve désorganisée.
Dans ce contexte, le service social de l’Assurance Maladie collabore avec les acteurs externes dans le domaine du maintien dans l’emploi : Services de Prévention et de Santé au travail autonomes (SPSTA), ou interentreprises (SPSTI), organismes de placements spécialisés (OPS), opérateurs de compétences (OPCO), conseillers en évolution professionnelle… pour permettre au salarié et à l’employeur de continuer à travailler ensemble dans les meilleures conditions.
Des solutions pour prévenir la PDP
Vincent God, responsable du service social de l’Assurance Maladie à la Carsat Midi-Pyrénées nous renseigne sur les dispositifs proposés.
« En tant qu’acteurs de prévention, les travailleurs sociaux du service social de la Carsat Midi-Pyrénées vont à la rencontre des assurés dans une démarche proactive d’offres de service. Cette démarche permet d’intervenir pour anticiper des difficultés liées à la maladie ou à l’éloignement du système de santé et de mobiliser des dispositifs spécifiques pendant l’arrêt. »
Parmi les actions de remobilisation possible et sous réserve de l’accord de l’Assurance Maladie, le salarié peut réaliser :
- un essai encadré, pour tester sa capacité à reprendre son poste ;
- un bilan de compétences afin de faire le point sur ses compétences, avec pour objectif de définir un projet professionnel ou de formation ;
- une formation diplômante facilitant l'accès à un nouvel emploi ;
- une validation d'acquis d’expérience (VAE).
L'essai encadré
Il permet au salarié, pendant son arrêt de travail de tester la compatibilité d’un poste avec son état de santé. Cela peut se faire dans l’entreprise qui l’emploie ou dans une autre entreprise qui l’accepte pour découvrir un nouveau poste de travail.
Son statut ne change pas, il est toujours en arrêt de travail. La caisse d’Assurance Maladie continue de verser les indemnités journalières (IJ).
Pour ce faire, il faut en amont l’accord du médecin du travail.
La convention de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE)
La CRPE permet au salarié en arrêt de travail et en risque d’inaptitude de se réadapter à son ancien poste de travail, ou d’apprendre un nouveau métier dans son entreprise ou une autre. Ce dispositif peut être complété par de la formation continue.
La CRPE se prépare pendant l’arrêt de travail du salarié, il démarre la CRPE quand il n’est plus en arrêt. Ce dispositif prend la forme d’une convention entre l’employeur, l’Assurance Maladie et le salarié quand il se déroule dans l’entreprise d’origine. Elle ne peut excéder 18 mois.
Le salarié perçoit une rémunération correspondant à ses IJ et un complément versé par l’employeur. Comme le dispositif précédent, il se fait avec l’accord du médecin du travail et de l’Assurance Maladie.
Le service social, au cœur de la PDP
« Les assistantes sociales rencontrent régulièrement les assurés, en fonction de leur situation personnelle, lors d’entretiens individuels et leur proposent un plan d’aide ayant pour finalité la reconstruction d’un projet de vie personnel et professionnel. ».
« Dans une étude menée auprès du public pris en charge en PDP, les personnes décrivent l’accompagnement psychosocial comme un moyen de retrouver confiance et estime de soi. L’action du service social apportant des repères rassurants face à la complexité de leur situation médico-administrative et professionnelle. » explique Vincent God.
Le service social de l’Assurance Maladie à la Carsat Midi-Pyrénées compte 119 agents répartis dans les 8 départements, soit 87 lieux d’accueil. L’intervention du service social auprès des assurés peut se décliner sous deux modes : l’individuel et le collectif.
Repartir du bon pied !
Madame R a 34 ans, elle vit seule avec son fils et travaille en tant qu’agent de banque depuis une dizaine d’années. À la suite d’un problème de santé, elle est en arrêt de travail depuis 11 mois et ne souhaite pas réintégrer son entreprise. Elle est encore fragile sur le plan psychologique.
Durant son arrêt, elle a pu bénéficier d’un accompagnement par un conseiller en évolution professionnelle. Un nouveau projet est progressivement apparu. Elle souhaite se former pour devenir podologue.
Afin de valider ce projet, l’assistante sociale lui a proposé de réaliser un « essai encadré », validé en Cellule PDP. Pendant 14 jours, Madame R a suivi une podologue dans son activité, découvert tous les aspects du métier et a ainsi pu confirmer son choix.
L’accompagnement de l’assistante sociale, la coordination des différents intervenants, la cohérence des discours de chacun, les soutiens du médecin du travail, du CEP, de son médecin traitant ont favorisé le parcours complexe de Madame R.
Avec le soutien du médecin du travail, elle a mis fin à son arrêt de travail et entamé une démarche de licenciement pour inaptitude afin de pouvoir poursuivre sa formation de podologue. Cette période, très anxiogène pour elle, a pu se réaliser avec le soutien de son médecin traitant et de l’assistante sociale.